De coutume, les Pays-Bas la jouent facile, presqu’avec arrogance. Leur talent leur permet de progresser ainsi. Et même de se qualifier. Que ce soit face à la Slovaquie ou au Brésil, les Néerlandais sont passés sans convaincre, se reposant sur quelques éclairs de génie salvateurs. Face à l’Uruguay, ils ont répété leur scénario avant la finale de dimanche (3-2). La Celeste a même cru pouvoir revenir dans la partie, lorsque Maxi Pereira réduit la marque dans les arrêts de jeu (90e+2). Comme si les Van Bommel et les siens leur avaient laissé un dernier espoir avant de retrouver le chemin des vacances.

Car malgré tout, il y avait une certaine classe d’écart entre ces deux sélections. Le mérite en revient en grande partie à Bert Van Marwijk. L’ancien coach du Feyenoord qui a vu éclore bon nombre de ses ouailles a réussi à composer avec les egos grandissants de joueurs au talent indéniable, mais à l’esprit collectif contestable. Des divas pilotées par un Giovani Van Bronckhorst, irréprochable depuis le début de la compétition. Avant le Mondial, le capitaine des Oranje avait invité tout son monde à mettre de côté ses intérêts personnels.  

Contre l’Uruguay, Van Bronckhorst n’aura d’abord écouté que lui. L’espace d’un court instant. Sans que personne n'y voit quelque chose à dire. Décalé sur son aile gauche, il décoche un missile de 36 mètres chronométré à 109 km/h qui s’est logé dans la lucarne de Muslera (18e). En face, Forlan, orphelin de Suarez, a vite compris qu’il n’allait pouvoir compter que sur lui-même. Sa frappe du gauche, à la 41e, est un modèle du genre et a permis aux siens de retrouver les vestiaires au même niveau que les Néerlandais. En alignant Van Persie, Robben, Sneijder, et Van der Vaart entré après la pause, Van Marwijk a changé la donne. Les Uruguayens en ont tremblé jusqu’à reculer. Sneijder a donné l’avantage aux siens sur un coup de billard (70’). Puis Robben, parfaitement servi par Kuyt qui verrait d’un bon œil le quatuor se transformer en quintet, a composté le billet pour la finale sur un coup de tête (73’). 

Mais chassez la suffisance et elle revient au petit trot. A 3-2, les Néerlandais ont dû s’imaginer les pires scenarii qui émaillent l’histoire du foot batave. En 1974, Cruyff et les siens avaient laissé échapper le titre mondial face à l’Allemagne, alors qu’il leur tendait les bras. Bis repetita en 1978 en Argentine, face aux Gauchos. Alors 32 ans plus tard, ils ont enfin l’occasion d’en finir avec la malédiction des grands rendez-vous manqués. Reste à savoir contre l’Allemagne ou l’Espagne. Mais leurs facilités leurs permettent d'être si sûrs d’eux qu’après tout, l’adversaire leur importe peu...


Mickaël BUSSON.